Archives de catégorie : Construction – 2010 T. 28 n°4

Raymond Cahn : les choix d’arnaldo novelletto. du soi au subjectal

Le regard posé sur l’œuvre et la pensée d’Arnaldo Novelletto met en évidence d’une part l’importance qu’il accorde au soi dans la clinique et dans la cure analytique à l’adolescence pour déboucher sur une perspective plus vaste l’intégrant parmi les âges de la vie et considérant comme une variante d’un même point de vue les différents cadres et modes d’abord de l’adolescent utilisés par les analystes, les repères conceptuels se situant autour des notions de subjectal et de subjectivation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 941-944.

Gianluigi Monniello : l’adolescent d’arnaldo novelletto

Cet article propose les principaux thèmes de la psychanalyse de l’adolescent traités dans le livre L’adolescente. Una prospettiva psicoanalitica. Cet ouvrage, édité par un groupe de collaborateurs qui ont pendant des années accompagné Arnaldo Novelletto dans son étude clinique et théorique du psychisme adolescent. Ce que souhaitent les éditeurs, c’est que ce livre puisse constituer une nouveauté dans un temps où la psychanalyse de l’adolescence représente une aire de recherche, de stimulation, de revisitation et d’innovation à l’intérieur du corpus psychanalytique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 931-939.

Michel Delage : le thérapeute et les rituels familiaux

Il est question dans ce texte de montrer l’importance de la ritualisation dans la vie familiale, comme support de sa cohésion, de son identité. Les rituels sous-tendent un équilibre paradoxal entre stabilité et changement. De ce point de vue, l’adolescence est une période clef. L’activité thérapeutique avec les familles utilise beaucoup les rituels familiaux (tout au moins en thérapie familiale systémique) en visant leur modification grâce à des « objets médiateurs », en prescrivant des rituels là ou ils peuvent manquer, ou des contre-rituels là ou ils sont au service d’une stabilité problématique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 907-929.

Didier Drieu, Stéphane Corbin : Rites de groupes et héritages traumatiques à l’adolescence

Certaines conduites à risques ont pu être comprises comme symptomatiques d’un « détraquement » des rites à l’adolescence. Ces comportements sont davantage utilisés pour tutoyer la mort, pour réintroduire le jugement ordalique quand des adolescents ne parviennent pas à intégrer l’insaisissable, faute d’être étayés dans leur cheminement par des références à l’institution. Toutefois, ces séquences  paradoxales flirtent également, de manière cryptée, avec des mécanismes d’auto-création de soi dans un contexte de filiation traumatique. Ainsi, ces dynamiques reposent à la fois sur le fonctionnement adolescent, de leurs groupes et se trouvent mobilisées en négatif lorsque règnent des violences traumatiques en héritage. Nous proposons de discuter de ces configurations à travers l’exemple d’un groupe de jeunes harkis.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 899-906.

Brigitte Blanquet : l’ordalie : un rite de passage

À l’adolescence le corps est central. Les problématiques ordaliques l’exposent, jusqu’à flirter avec la mort. Le corps est mis en scène. Il révèle l’histoire des traces d’anciens vécus traumatiques et des restes de vécu d’ambiguïté. L’analyse de ces traces-restes met en lumière l’étoffe d’une fantasmatique de vie-mort qui structure et organise l’organisation psychique de ces sujets. La nature de cette fantasmatique est d’essence originaire et se décline sous ces deux formes majeures : le fantasme de mono-engendrement, le fantasme du retour au matriciel.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 887-898.

Olivier Douville : du rituel et de l’adolescence aujourd’hui

Le rite est un objet au carrefour des champs de l’anthropologie et de la psychanalyse. Nous serons attentif à souligner ce qui le différencie de l’habitude ou de la répétition. Le rite est un passage et une expérience. S’il est rite de passage, alors il permet des changements d’altérité et aussi de relier le sujet à la loi sexuelle et à la mythologie collective.

L’adolescence occidentale, qui tend à se généraliser de par le monde, développe des tendances à des ritualisations nouvelles à mesure que les encadrements symboliques entre rite et mythe tendent à se disjoindre. L’auteur pose la question des fonctions psychiques de la ritualité à l’adolescence.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 873-886.

Jonathan Ahovi, Marie Rose Moro : rites de passage et adolescence

L’adolescence est souvent considérée comme un passage. Or, dans toutes les cultures, des façons de régler et de réguler les difficultés de passage d’un statut à un autre – dont le passage adolescent – sans trop d’angoisse pour les novices et pour les adultes déjà initiés, existent.

Dans nos sociétés dites modernes, complexes et métissées le risque pour les adolescents de se perdre et de rester en marge semble plus grand.

Nous voudrions clarifier les notions de rites de passage et en rappeler la définition et les fonctions à partir de l’apport d’A. Van Gennep.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 861-871.

Catherine Potel : quand la médiation aide à se construire un corps « psychique »

Un adolescent et son corps : cet article pourrait s’intituler ainsi. Dans ma pratique de psychomotricienne qui utilise des médiations corporelles (entre autres la danse), il est question de corps, de gestes, de mouvement. Il est question aussi de construction psychique. Après avoir exposé un travail clinque avec un adolescent dans un atelier relaxation puis dans un atelier danse, je proposerai quelques réflexions théorico-cliniques qui mettent en exergue ce qu’un  travail corporel soutient dans le processus de construction du sujet.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 853-859.

Renaud Evrard : psychiser le maître absolu : solutions pubertaires par le paranormal

L’intérêt d’une majorité d’adolescents pour le paranormal, comme théorie et comme expérience, se lit dans les statistiques de divers sondages, au point de l’élever au rang d’une banalité. Le contact avec le paranormal peut être motivé par la curiosité et l’ennui (Mischo, 1991), mais aussi impliquer des enjeux plus profonds dans un questionnement sur la mort. Ainsi, le recours à une séance de spiritisme peut être une modalité d’exploration des limites du symbolique et des effets du signifiant (Le Maléfan, 2008). Cette mise en scène de la mort peut aussi apparaître, paradoxalement, comme une des formes du fantasme d’immortalité dégagé par Ph. Gutton (1993) au temps pubertaire. Ce fantasme peut se développer pour devenir une solution provisoire pour élaborer un deuil ou un traumatisme. Nous essayerons de montrer, au travers de cas cliniques, comment l’adolescence, pensée comme un temps logique proche des états limites, peut subjectiver la mort, ce maître absolu, en la « psychisant », c’est-à-dire en se rapportant à des pratiques cultivées depuis plus d’un siècle par les sciences psychiques et le spiritisme.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 841-852.

Anne Joly, Sébastien Dupont : Julie et « Monseigneur » : des carences affectives précoces à la formation d’un compagnon imaginaire à l’adolescence

Le phénomène du compagnon imaginaire a été essentiellement décrit chez l’enfant et la personne âgée, plus rarement chez l’adolescent. Son apparition à l’adolescence peut souvent être confondue avec l’émergence d’idées délirantes et interprétée comme un signe prodromique de schizophrénie. Nous présentons ici le cas de Julie, une adolescente de dix-sept ans, afin d’illustrer l’hypothèse selon laquelle le phénomène du compagnon imaginaire peut apparaître dans un contexte psychopathologique distinct du fonctionnement psychotique. Cette jeune fille a en effet compensé une dépression latente par la compagnie d’un compagnon imaginaire qu’elle nomme Monseigneur. Nous décrivons en détail cette situation clinique, le déroulement des prises en charge thérapeutiques ainsi que l’évolution psychologique de Julie.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 829-840.