Archives de catégorie : Amitié – 2007 T. 25 n°3

Rémy Potier, Pierre Bialès : de l’amitié en virtuel

Partant d’un intérêt pour les nouvelles technologies et pour ce qu’elles engagent dans les nouvelles pratiques adolescentes à l’œuvre sur Internet, nous interrogeons l’implication des blogs dans les échanges amicaux. Des adolescents de 12 à 17 ans témoignent de leurs usages sur skyblog, et montrent comment ceux-ci participent et prennent place dans des amitiés “ réelles ”. Nous interrogeons dès lors la “ blogosphère ” dans ce qui fonde l’énigme de la constitution des liens amicaux pérennes. Les enjeux du corps et la mise à l’épreuve de l’idéal par le virtuel, témoignent des difficultés réifiées par les nouvelles technologies de l’Internet. Mais loin d’être un refuge pathologique, le blog peut s’avérer un espace transitionnel fécond pour les amis qui s’y réfèrent et partagent de l’intime. Ainsi, selon les sujets, l’adolescent peut se trouver en proie à des solutions narcissiques ou se saisir depuis la modernité qu’est la sienne d’un nouvel outil qui lui permet de s’exprimer et de faire vivre ses liens amicaux.

Férodja Hocini : identification, amitié et transfert

L’auteur propose d’étudier les liens entre amitié et processus d’identification au moment de l’enfance et de l’adolescence. À travers un fragment de la psychothérapie d’une adolescente, est rapportée l’histoire d’amitié peu commune entre deux amies d’enfance, deux âmes sœurs que seule la mort pouvait séparer. L’analyse des mouvements transféro-contre-transférentiels permet d’une part de dégager le thérapeute d’une position idéalisée par la patiente et surtout de transformer la relation thérapeutique qui risquait de se perdre dans une unité confuse.

Christian Bonnet, Stéphanie Pechikoff : à l’ami à l’amour

L’Ami est-il un “ même ”, un “ modèle ”, une “ figure d’investissement homosexué ” ? Ces interrogations sont repensées à partir de deux récits cliniques et plusieurs propositions. Tout d’abord l’Ami prend place dans un espace potentiel, un “ entre-deux ” et ne se confond pas avec le sujet. Ensuite, il apparaît cliniquement (cas de Sabrina) que l’Ami est souvent la condition de la rencontre pour le sujet avec un objet d’amour et d’érotisation. Il y a donc une triangulation complexe impliquant : Sujet, Ami, objet d’amour. Une série d’opérations dialectiques définissent leurs liens sur un mode complexe de semblance/différence.

Le modèle freudien de la triangulation œdipienne est mobilisé, notamment au travers du roman familial, pour analyser le récit clinique de Sophie. Les désirs incestueux autant que fratricides auraient leur place dans les termes du vaudeville amoureux entre Sujet, objet, Ami… Nous concluons en proposant que le temps du juvénile soit pensé comme un roman amical œdipien forgé par des investissements envers l’Ami et l’objet. Le concept de blason complète le processus dialectique attenant au lien Sujet-Ami et devient par là emblématique de ce que nous nommons Amitié.

Vincent Cornalba : vivre avec

L’auteur envisage la figure de l’ami dans son rôle d’attracteur vis-à-vis du registre de la dépression à l’adolescence. À la fois pris dans une perte d’objets et dans la perte d’un état, qu’il lui faut à présent subjectiver, l’adolescent trouverait en la personne de l’ami cet acteur – à la fois agent facilitateur, sujet d’expérience et support projectif et/ou d’identification – susceptible de le soutenir efficacement dans ce travail qui concerne, d’une manière essentielle, le registre de la rencontre.

 

Danièle Brun : l’amitié à l’adolescence : pour quoi faire ?

Que nous apprennent ces fièvres d’amitié à l’adolescence qui unissent des couples de jeunes gens dont les émois servent de fil conducteur aux romans dont ils sont les héros ? Dans l’analyse, comme dans la vie, l’ami(e) est, à l’adolescence, le partenaire indispensable de la rencontre que fait l’autre avec le sexe et avec la perspective de la mort. Ainsi s’inscrit-il dans une cure comme une figure importante du transfert.

Monique Schneider : entre l’objet et le témoin, l’ami

L’amitié est d’abord envisagée comme située aux origines de la psychanalyse. Le lien s’établissant entre Freud et W. Fliess représente une structure d’étayage, permettant une superposition entre deux dimensions de l’humain – vie et esprit – ou entre deux disciplines s’appliquant à la connaissance d’un niveau du réel : biologie et psychologie. Le partage en deux domaines se rencontre également dans l’“ auto-clivage narcissique ” analysé par S. Ferenczi, ce qui peut faire comprendre le rôle joué par le trauma, soit dans la naissance d’une amitié,  soit dans la rupture.

L’analyse du couple formé par Freud et E. Silberstein mettra en évidence une autre structure : l’ami y devient le confident auquel est confié l’aveu des rapprochements se situant à l’extérieur du champ de l’amitié. Confident à qui ces rapprochements – Freud parle alors de sa rencontre avec Gisela Fluss – sont offerts comme autant de sacrifices.

Philippe Givre : philia et adolescence

L’enjeu central de ce texte est de parvenir à envisager si la thématique de la Philia est susceptible d’avoir une pertinence quelconque au sein de l’approche psychanalytique. Les affinités que la psychanalyse entretient avec Éros ne plaident pas en ce sens, sauf à prendre en compte les conceptualisations de D. W. Winnicott qui articule l’amitié à la notion de “ relation au moi ” et à la “ capacité d’être seul ”. Il en ressort que le don de l’amitié serait engagé dans le devenir de la maturation affective dont la capacité d’être seul en présence de l’autre en représente le phénomène le plus élaboré. L’ami ne peut être tenu pour un simple modèle ou comme l’équivalent d’un autoportrait. Il ne peut pas plus être réduit à un autre soi-même, quand bien même il est détenteur de quelque chose qui m’est dû. Si les adolescents ont une préférence pour l’amitié, c’est que le don d’amitié leur est indispensable pour amorcer et accompagner les mouvements de subjectivation de l’adolescens. En ce sens, il s’avère que toute amitié est contemporaine d’un remaniement subjectif puisqu’elle conditionne la possibilité d’advenir en ce que nous avons de propre.

 

Jean-Yves Le Fourn : l’“ amoitié ”. de Jonathan à JN. A. Rimbaud

L’amitié adolescente n’est-elle pas ce chemin qui mène ce dernier de l’enfance au monde adulte en passant par ce registre de l’amoitié (amour/amitié).

Les exemples cliniques de Jonathan et de JN. A. Rimbaud nous guiderons et interrogerons sur ce “ concept ” de l’amoitié adolescente qui serait une relation libidinale mais dont le but sexuel est sublimé en quelque chose par la société comme la solidarité, la justice, la fidélité.