Argumentaires des numéros à paraître

 la Revue est semestrielle
Les auteurs souhaitant proposer un article pour un  des prochains numéros de 2025  doivent le faire parvenir en fonction des argumentaires ci-dessous et selon les modalités des recommandations aux auteurs.

Argumentaire du numéro 2025 T. 43 n°1
de la Revue Adolescence : Silence
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– Parution le : 30 mars 2025
– Date limite de réception des articles : 15 septembre 2024

Silence ! Injonction faite aux élèves, priés de se taire pour laisser la parole au professeur, faite aux enfants, qui doivent la laisser aux parents. Une injonction sur fond de différence des générations : la prise de parole gardera les traces de cette situation (anthropologique) fondamentale la chargeant d’un pouvoir tout à la fois meurtrier et de séduction – ce qui revient parfois au même. Se taire s’offrira parfois comme seule solution pour conjurer les fantasmes incestueux et de meurtre, quand d’autres prendront la parole à tort et à travers dans l’excitation d’une jouissance à parler. Parler est une conquête, se taire la condition nécessaire pour écouter un autre, à défaut on ne s’entendra pas…
Le silence ou plutôt les silences, tant leur polyphonie est aussi polysémie. Car si le silence peut être ouverture à la rêverie, aux associations d’idées et de pensées, il peut aussi devenir de plomb quand la parole est interdite, ou de mort quand la psyché n’a d’autre solution que de créer du vide.
Les adolescents n’aiment pas le silence c’est bien connu, alors ils s’entourent de bruit. Les parents, eux, n’aiment pas que leur adolescent en fasse trop : « baisse ta musique ! » Mais si l’adolescent recherche le bruit, c’est pour conjurer tout risque de penser, des pensées que l’avènement pubertaire a chargé d’excitations. Le bruit fort, répétitif – les beats – idéalement vierge de tout, oppose un contre-investissement salutaire aux pensées trop chargées – notamment d’angoisse et de spleen. Pour d’autres, ce seront les mélodies, les musiques, et le silence qu’elles contiennent, qui viennent jouer comme enveloppe sonore rassurante.
Silences, ceux qui cachent les secrets de famille, les événements traumatiques ; ces silences-là sont de redoutables défenses qu’il sera bien difficile de lever, quand la parole s’est chargée d’un pouvoir de traitrise et risque de faire voler en éclats la cellule familiale.
Silence, enfin, au cœur de la méthode analytique. Pour pouvoir parler la langue déliée, associer librement et faire surgir l’inattendu, il faut que l’analyste puisse se taire, et écouter. Mais avec les adolescents rien de plus menaçant que le silence du thérapeute, lorsque notamment pour eux-mêmes parler s’associe à la peur de se dévoiler [« se taire est une façon de se cacher » (Freud, 1913)]. Il faut alors à l’analyste trouver le rythme de la parole et de l’écoute pour permettre aux adolescents de faire l’expérience d’une forme de communication avec soi, en présence d’un autre.
Maintenant, silence ! Ça tourne…

Argumentaire du numéro 2025 T. 43 n°2
de la Revue Adolescence : L’abus
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– Parution le : 15 septembre 2025
– Date limite de réception des articles : 15 janvier 2025

L’abus – L’article défini renforce sa gravité et sa sévérité tout en invitant à la qualification : l’abus d’alcool, l’abus de vitesse, l’abus de confiance puis l’abus sexuel. Les figures d’autorité – notamment les parents et les « profs » – ne sont pas en reste d’ailleurs, avec leur cortège d’abus de pouvoir et autres abus de faiblesse. Alors de quel abus s’agit-il dans la clinique analytique ? L’étymologie est parlante : « abus » provient du latin abusus qui signifie « user complètement de, détourner de son usage, mésuser ». L’abus emporterait-il à l’occasion jusqu’au-delà du principe de plaisir ? Un peu à la manière de la pulsion qui vole une prime de plaisir à la satisfaction du besoin, et qui ne se contente pas de la satisfaction sans en abuser de surcroît. De là vient peut-être qu’on retrouve trois destins à l’abus : abuser, être abusé et s’abuser.
Abuser – Il y a d’abord le mésusage de la chose consommée en excès ou au-delà de toute limite dans les conduites addictives et ordaliques des adolescents, qu’il s’agisse de l’alimentation, de l’alcool et des drogues ou du temps passé sur les écrans. Et quand c’est « quelqu’un » qui se substitue à la « chose », l’excès avec lequel l’abuseur profite de la bonté, de la crédulité, de la vulnérabilité ou de la faiblesse de l’abusé interroge l’interrelation. De quelles faiblesses l’adolescent profite-t-il jusqu’à l’abus ? Elles sont nombreuses. Sans doute y a-t-il quelque plaisir à user ses parents qui conservent longtemps un faible pour l’enfant dans l’adolescent. Le sort lancé par His Majesty the Baby se poursuit simplement sous d’autres traits. Parfois moins angélique et moins innocent, l’adolescent est aussi enclin à abuser hors la loi, dans le cadre de perversions dites « transitoires ».
Être abusé – Le renversement en son contraire évoque le brûlant sujet des violences sexistes et sexuelles. Quel que soit le lieu, quelle que soit sa nature, l’abus est devenu l’une des figures de la psychopathologie de la vie sociale quotidienne. La scène publique en dénonce les effets dramatiques dont l’actualité regorge, faisant de l’abus l’un des visages de l’actuel malaise dans la culture. La très large diffusion des hashtags #metoo et #balancetonporc fait très souvent écho aux abus sexuels dont nombre de personnes ont été victimes à l’adolescence. De l’abus vécu à l’abus dénoncé, de l’abus tenu secret à l’abus reconnu, quelles positions subjectives occupe successivement l’adolescent abusé, dans la subjectivation de ce qui lui est arrivé ? Contrairement au couple harceleur/harcelé, l’abus connote une confiance initiale qui a fini par être bafouée. Aussi l’abus n’est-il pas qu’une agression ou un accident, mais aussi, et avant tout, une affaire de trahison.
S’abuser – Et si tout abus renvoie toujours à un abus de confiance, à quel endroit commence-t-il ? La forme pronominale, qui laisse entendre que l’on peut toujours être dupe de ce qui nous arrive ou plutôt de ce que l’on se fait, invite immanquablement à s’interroger sur la dynamique inconsciente à l’œuvre dans l’abus. Non pas qu’on doive abuser du fantasme pour expliquer tous les abus dont on peut être victime : que le fantasme soit traumatique ne veut évidemment pas dire que tout trauma soit fantasmatique. Et pourtant le fantasme n’abuse-t-il pas l’adolescent lorsqu’il préfère bâtir des châteaux en Espagne plutôt qu’œuvrer à passer son bac ? Et s’il ne valait pas mieux pour le narcissisme adolescent, parfois, être abusé que désabusé ?
En mettant l’accent sur le caractère polymorphe de l’abus, ces trois déclinaisons invitent l’analyste à réfléchir, sans perdre de vue sa propre potentialité abusive, mise en acte dans la violence de l’interprétation. Car après tout, n’est-ce pas la question essentielle qu’on lui adresse aujourd’hui en forme de reproche : et si la psychanalyse abusait ?

Argumentaire du numéro 2024 T. 42 n°2
de la Revue Adolescence : À la limite
Numéro clos
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– Parution le : 15 septembre 2024
– Date limite de réception des articles : 15 janvier 2024
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Argumentaire du numéro 2024 T. 42 n°1
de la Revue Adolescence : Sous emprise
Numéro clos
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– Parution : 15 mars 2024
– Remise des articles : 30 septembre 2023
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Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7